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Cinq troupes taiwanaises à Avignon

(PHOTO AIMABLEMENT FOURNIES PAR YILAB)

 

En boucle

Être seule sur scène, Su Wen-chi [蘇文琪] connaît. C’était d’ailleurs le titre d’un de ses premiers spectacles, en 2001. Depuis, on a vu la danseuse et chorégraphe évoluer au sein de Kobalt Works, la compagnie bruxelloise fondée par Arco Renz, enchaînant Opium (2004), Héroïne (2004) – pièce présentée en 2008 aux Rencontres chorégraphiques de Seine Saint-Denis, en France – et Bullitt (2006). Parallèlement, Su Wen-chi a collaboré avec Wen Hui [文慧] (Chine), Carmen Sterland (Australie) ou encore Ilnalit Tadmore (Israël). Après une résidence à Paris en 2006-2007, l’ancienne élève de Liou Shaw-Lu [劉紹爐] (le fondateur du Taipei Dance Circle) revient en 2009 dans sa ville natale pour créer, avec Yilab, Loop Me au festival international de théâtre de la rue Guling. Et malgré les apparences, Su Wen-chi est encore seule sur scène.

Loop Me commence par une image très simple, presque un tableau, une silhouette capturée dans un cadre de lumière. Un portrait délicat qui lentement s’anime, et par petites touches devient corps en relief. Comme extraits de ce corps, des doubles viennent peupler la surface d’un écran – ombres qui suivent la danseuse et reproduisent chacun de ses gestes. Reproduction, répétition, arrêts sur image : le moindre mouvement est décomposé, disséqué, remonté. Submergée par ses propres simulacres, « mise en boucle », la danseuse s’efface petit à petit. Devant ces répliques saccadées, le vertige menace le spectateur, confronté à l’impossibilité de distinguer l’original de ses copies.

A travers le tournoiement du corps et de ses doubles, Loop Me interroge la reproductibilité à l’ère de l’image vidéo, et la manière dont celle-ci façonne notre perception. La reproduction technique, sa capacité à isoler chaque impulsion peut-elle remplacer les errements de la présence, sa continuité insistante et les failles qui s’y laissent voir ? Qu’est-ce qui est reproduit par la trace digitale : rythme, vitesse, plasticité ? Qu’est-ce qui est irrémédiablement perdu ? Soutenue par un dispositif agissant comme un révélateur, la danse de Su Wen-chi pose le corps comme en voie de disparition, dans une société en flux tendus.

看更多:http://taiwanauj.nat.gov.tw/ct.asp?ctNode=315&xItem=107780&mp=20

 

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